Édition "princeps" de 1616

La première édition imprimée
(Un exemplaire nous a été gracieusement prêté, pour l'exposition de 1979,
 par la bibliothèque du Grand Séminaire de Nantes.
Photos ci-dessous)

Les lettres d'Abélard et d'Héloïse ont été publiées et imprimées pour la première fois, avec plusieurs autres écrits du philosophe chez le libraire Nicolas Buon, à Paris, en 1616. C'est un gros volume de 1208 pages, plus annexes, d'environ 18 cm sur 24 cm. On a remarqué depuis longtemps que tous les exemplaires de ce livre ne sont pas identiques. D'après le titre des uns, l'édition a été faite par André Duchesne 1584-1640. D'après la préface des autres, par un ancien conseiller d'état de Henri IV, auteur de quelques moindres ouvrages, François d'Amboise 1550-1620.

Il n'y a pas, en fait, deux éditions différentes. La même composition a servi à imprimer, tous les exemplaires. il apparaît que d'Amboise a commencé une édition qui a été terminée et mise au point par Duchesne. Les différences n'apparaissent que dans la feuille de titre et dans les pièces annexes. Pour le détail de ce problème bibliographique complexe, on peut aller voir: J. MONFRIN, "Abélard", Paris, Librairie Vrin, 1978

Six manuscrits sont à la base de l'édition de 1616. Deux sont connus encore aujourd'hui, deux sont seulement apparentés à des manuscrits connus aujourd'hui, deux enfin ont disparu. Il est important que l'édition ait été faite et revue par un érudit comme l'était André DUCHESNE. Ses transcriptions savantes offrent une véritable garantie de fidélité au texte.


   Nous avons ici la page de François d'Amboise

Premières pages de "l'Historia Calamitatum mearum"

On peut lire au début de la seconde page. : Ego Igittur oppido quodam oriundus... proprio vocabulo palatium appellatur.
Moi, je suis donc né dans une certaine forteresse ... dont le nom exact est "PALAIS".
Les notes de l'éditeur sur "Le Pallet"
A propos du Pallet, l'éditeur de 1616 écrit en note: "tribus fere leucis ab urbe namnetica remotum vulgo PALAIS"
1 - Orthographe : Au XVIIe, on dit en français Palais plutôt que Paletz ou Pallet
2 - Distance : Abélard a écrit : "octo credo miliariis remotum", (huit milles), ce qui porte le mille à 2500 m environ. L'éditeur, de son côté, dit en note "tribus leucis remotum", (trois lieues). La lieue, vieille mesure gauloise, aurait donc en l'occurrence 6600 m.
 

Acquisition de 2021 par l'ACPA: (édition "princeps" de 1616)

                                       Un véritable trésor !


Cette page de garde en couleur est identique à celle (plus haut en noir et blanc en raison de la photocopie) de l'ouvrage détenu par le Grand Séminaire de Nantes. On y trouve, de façon identique, la mention du Chevalier François d'AMBOISE. On notera qu'Abélard est qualifié d'abbé de Rhuys et Héloïse d'abbesse du Paraclet.

C'est ce même François d'AMBOISE qui signera la volumineuse préface, une trentaine de pages hors pagination, laquelle est d'abord une "Apologie d'Abélard".

Les premières pages concernent alors les huit lettres d'Abélard et d'Héloïse dont on trouve le détail dans la correspondance amoureuse et dont Jacques Dalarun démontrera, en 2019, l'authenticité. A suivre, on découvre un texte d'Héloïse "Institutiones nostrae". Ce texte, fort intéressant, souvent négligé, nous donne, plutôt que la lettre VIII d'Abélard, la véritable règle du Paraclet. Notons de nombreuses autres lettres à Abélard et aussi à Héloïse, les 42 "problemata" (problèmes) d'Héloïse et les réponses que leur fait Abélard. Pour terminer le premier volume, un exposé de théologie en XVII chapitres: "Adversus haereses liber". (Livre contre les hérésies)

Le second volume commence par un long commentaire sur "la lettre de St-Paul aux Romains" en cinq parties. Puis on arrive sur un répertoire de trente deux sermons d'Abélard pour les diverses fêtes de l'année liturgique. Pour terminer: un traité de théologie: De maitre Pierre Abélard de Nantes. "Une introduction à la théologie divisée en trois livres". Dans les premières lignes du livre I Abélard écrit cette phrase latine souvent citée:
"Tria sunt, ut arbitror, in quibus humanae salutis summa consistit : Fides, videlicet, Caritas, Sacramentum".
Il y a trois choses, comme je le pense, dans lesquelles consiste la totalité du salut de notre humanité, à savoir : la Foi, la Charité et le Sacrement.

La postface de 50 pages sera du tourangeau André Duchesne et consistera en un commentaire de "l'Histoire de
mes malheurs". La pagination se termine à la page 1197.

Retour sommaire

Retour page précédente