LES FRÈRES CACAULT

M
ÉCÈNES DU PALLET

Le pont sur la Sanguèze

  • Le cahier de doléances rédigé en 1789 par François Savariau nous informe que la nouvelle route de Nantes à Clisson était empierrée depuis 30 ans déjà, mais qu'elle restait impraticable tant qu'un pont sur la Sanguèze ne serait pas construit.
    "Par ailleurs, lors de l'établissement de la grande route de Nantes à Clisson, il y a environ 30 ans, on l'aligna du coude que forme la ville du Pallet à l'allée de la Sébinière. Pour pouvoir s'en servir, il fallait construire un pont sur la  rivière Sanguèze. sans laquelle personne ne peut se servir de cet alignement. Cependant cet obstacle n'arrêta point alors; on frangea le terrain le plus précieux de la paroisse, on l'empierra et ce qu'il y a d'incroyable, c'est que quelques propriétaires du terrain établi en grande route on tenté d'avoir la permission de le remettre en culture; sous leurs engagement de la rétablir à leurs seuls dépens lorsqu'on travaillerait au pont, qui seul peut la rendre utile ..."
    Cahier des plaintes et doléances de la Loire-Atlantique. 1789. Conseil général,1989, p. 952
     

  • En juillet 1790, le directoire du district de Clisson en avait délibéré : " Nécessité d'un pont au Pallet. - Le passage est fréquemment intercepté pendant l'hiver par les grandes eaux. Il est toujours dangereux ; et en tout temps, les voituriers sont obligés de laisser partie de leurs charges, pour franchir la montée difficile qui, des deux côtés, rejoint le grand chemin. On a si bien senti la nécessité d'un pont sur la Sanguèze que le grand chemin qui doit y conduire est tracé et ferré depuis plusieurs années. "

  • L'Assemblée administrative du Département dans sa séance du 31 juillet 1790 reconnaissait aussi la nécessité d'un pont au Pallet.

  • Le district de Clisson, dans sa séance du 2 novembre 1791, insistait de nouveau sur la nécessité de l'arche au Pallet.

  • Commencé en 1802, le pont est construit en 1804, à l'instigation de François Cacault.
    La famille Cacault était une famille nantaise de confession protestante mais peu à peu revenue au catholiscisme. Le père de François et Pierre Cacault est maître faïencier à Nantes. Pierre, le cadet, travaille d'abord dans l'atelier de son père avant de prendre en 1774 le chemin de l'Italie pour suivre sa vocation de peintre. Il reviendra s'installer à Clisson vers 1797. Clisson, dévasté par les combats de la guerre de Vendée, est en ruines, mais les paysages de la vallée de la Sèvre ont pour le peintre et son frère "comme un parfum d'Italie".

    François, l'aîné, aura sous la Révolution et sous l'empire une carrière diplomatique brillante. Il sera ambassadeur à Florence en 1798, prendra le parti de Bonaparte le 18 brumaire et deviendra ensuite ambassadeur à Rome entre 1801 et 1803. A ce poste, il sera, au nom du premier consul la cheville ouvrière du concordat de 1801-1802, signé avec le pape Pie VII.

    C'est donc, grâce à ses relations personnelles avec Napoléon 1er et avec son administration que François Cacault peut obtenir de démarrer la construction du pont qui va ensuite porter son nom et qui permettra de relier plus facilement Clisson à Nantes. Il ne verra pas son achèvement : François Cacault meurt à Clisson le 10 octobre 1805, dans sa 63e année. Le pont est achevé en 1809.

 

Don de trois tableaux

Les rois mages

Le Baptème de Jésus par Jean-Baptiste

Ces deux tableaux ont été donnés par François CACAULT à la paroisse du Pallet. Ils faisaient partie de la "collection Cacault". En effet, au cours de leurs divers séjours en Italie les deux frères Cacault avaient pu se constituer une collection d'oeuvres d'art extraordinaire. Leur intention était de ramener ces oeuvres à Clisson pour y installer un musée-école. La mort prématurée de François Cacault allait mettre fin à ce projet de musée.

Cette immense collection clissonnaise comptait :

  1. plus de 1 200 tableaux
  2. 10 646 estampes
  3. 70 pièces de sculpture en différentes matières.

La plus grande partie a été rachetée par la Ville de Nantes le 27 janvier 1810, et se trouve désormais au musée des Beaux-Arts de cette ville.

"L'adoration des mages" qui peut être datée de 1630-1635 est du peintre italien Andréa SACCHI 1599 - Rome 1661. Un art limpide et mesuré caractérise ses portraits et ses tableaux d'autel. La revue 303 XXVI de 1990 des Pays de la Loire, qui a consacré un numéro spécial aux plus beaux tableaux religieux de Loire-Atlantique, présente sur deux pages cette magnifique peinture qui peut évoquer l'art de Véronèse. Ce tableau a fait l'objet d'un inscription à l'inventaire des monuments historique le 28 juin 1962 avec la mention "Don de Monsieur Cacault ambassadeur de France auprès de Pie VII"

"La sobre harmonie des teintes mandarines, des bleus profonds, le ton vénitien instillé par de discrètes citations (l'enfant et les mages de l'arrière plan évoquent Véronèse) tempèrent d'une veine nettement décorative l'autorité monumentale des figures grandeur nature."

Un troisième tableau, sans doute le plus beau, a fait partie de cette donation et a été exposé dans l'église Saint-Vincent jusqu'à la fin du XIXe siècle. Lors de la tentative d'inventaire de 1905, les trois tableaux ont été transférés chez des particuliers afin d'être soustraits à cet inventaire. Les deux tableaux ci-dessus ont réintégré l'église, malheureusement le troisième tableau n'a jamais été restitué, il est actuellement dans une collection privée.
Dans "Le Pallet, patrie d'Abélard", Association culturelle Pierre Abélard, collectif, 1980, p. 57 et sq.

 

C'est donc ce qui s'écrivait en 1980 ... En 2006, une autre page allait s'écrire !

 la Cène retrouvée
L'existence de ce troisième tableau n'avait pas complètement disparu de la mémoire chez certaines familles du Pallet. De surcroît, un historien nantais,  F. J. Verger avait écrit le 6 décembre 1848 : "Il y a dans cette église (du Pallet) trois tableaux donnés par M. Cacault. On leur accorde un certain mérite, surtout à celui qui représente la Cène."

Les archives départementales ont conservé les traces de l'inventaires du 6 avril 1906 à 5 heures du soir, établi avec soin, en l'absence du curé, par l'instituteur public M. Belliot : aucun de ces trois tableaux n'y figure alors que, par exemple, les 14 tableaux du chemin de croix sont mentionnés. Cela confirmait naturellement la rumeur d'un enlèvement, à dessein, en 1906.

L'Association culturelle Pierre Abélard a pu retrouver l'actuel détenteur de "la Cène" et prendre contact avec lui au cours du mois de novembre 2006. Ce détenteur, qui le possédait par héritage, en ignorait la provenance. Lorsqu'il l'a apprise, il en a généreusement  fait don à la commune du Pallet. Le 27 novembre 2006 la Cène était ramenée au Pallet dans un local municipal. Le samedi 9 décembre 2006 et le dimanche 10, une exposition permettait de présenter au public cet extraordinaire tableau de 2,30 m x 1,75 m absent de l'église depuis plus de cent ans.

On s'aperçoit que cette représentation de la Cène constitue avec les deux autres tableaux accrochés dans l'église du Pallet un collection qui jalonne trois moments significatifs de la vie de Jésus : La naissance avec "l'Adoration des mages", le début de la vie publique avec "le Baptême" et enfin le dernier repas. Propriété de la commune du Pallet, ce tableau a été replacé dans l'église du Pallet au début de 2007. Grâce à une expertise bénévole nous connaissons désormais son auteur.


Ce tableau est attribué au peintre flamand Anthonie Van Blocklandt 1523-1583. Cet artiste a été l’élève de Frans Floris, autre peintre flamand. En 1572, Van Brocklandt fait un voyage en Italie et semble avoir été sensible au maniérisme italien. Les nombreuses compositions de Van Blocklandt ont souvent comporté des sujets de nudité. Il a voulu comprendre et rendre de façon naturaliste tous les mouvements du corps humain.

On peut apprécier ici la disposition des douze apôtres autour de la table, la simplicité très humaine du Christ, la variété et les couleurs des drapés, ainsi que la finesse de la nappe, des objets et des fruits qui sont disposés sur la table. Le cadre est en chêne finement sculpté.
Le tableau a certainement été recoupé ; peut-être pour être placé dans le cadre ? En effet les visages de certains personnages ne sont pas entiers et l’auréole, au-dessus de la tête du Christ, n’est que partiellement visible.

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