A
son très cher Guillaume, le frère Bernard.
A mon avis, vous vous êtes
ému, avec raison, vous ne pouviez même pas ne pas
l'être, et de plus je vois que votre indignation n'est
pas demeurée oisive puisqu'elle vous a fait prendre la
plume pour réfuter et confondre les blasphèmes des
impies. Je n'ai pas encore eu le temps de lire votre
écrit avec toute l'attention que vous demandez, je n'ai
fait que le parcourir un peu à la hâte; néanmoins je le
goûte fort et je le crois très propre à confondre les
dogmes pervers que vous attaquez. Mais vous savez qu'en
pareilles matières je ne m'en rapporte pas trop à mon
propre jugement; aussi, vu l'importance du sujet, je
crois qu'il est bon qu'en temps opportun, nous nous
donnions rendez-vous pour discuter ensemble de toutes
ces choses. Je ne crois pas que cela puisse se faire
avant Pâques, si nous voulons vaquer sans trouble à
l'oraison comme ce saint temps le demande. Souffrez, en
attendant, que je garde patiemment le silence sur toutes
ces questions, d'autant plus que la plupart, pour ne pas
dire toutes, me sont encore un peu étrangères; mais pt
Dieu est assez puissant pour accorder à mon esprit la
sagesse et la lumière que vous lui demandez pour moi
dans vos prières. Adieu.
OEUVRES COMPLÈTES
DE
SAINT BERNARD
TRADUCTION NOUVELLE PAR M.
L'ABBÉ CHARPENTIER
PARIS,
LIBRAIRIE LOUIS DE VIVÈS, ÉDITEUR , 9, Rue
Delambre, 9, 1866
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bernard/index.htm
Pour les commentaires de Horstius et Mabillon, se
reporter au site de l'abbaye Saint-Benoit
qui a mis en ligne cette traduction, 08/12/2003